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Ecrire un roman : cinq conseils pour se lancer

Clémence

Se lancer dans un projet d'écriture long comporte de nombreux défis. L'un des plus importants à mes yeux est celui de la constance : comment rester motivé et satisfait de son projet quoi qu'il advienne afin de le faire avancer sans interruption ? Pour cela, il faut commencer par être satisfait de son propre style d'écriture. Alors, comment le faire fleurir ?


1 - Ecrire


Mon tout premier conseil pour trouver son style est... d'écrire. Beaucoup. Tout le temps. Trivial ? Certes. Mais c'est par la pratique que vous serez assuré de faire de véritables progrès à l'écrit. Décrivez un paysage, un souvenir, une émotion... Et si vous manquez d'inspiration, on trouve une grande quantité d'exercices d'écriture sur internet et les réseaux sociaux.


Par exemple : construisez une courte histoire avec 10 mots imposés trouvés dans le dictionnaire au hasard.

Ou décrivez l'un de vos meilleurs souvenirs en focalisant la majorité des descriptions sur l'un de vos sens olfactifs choisi au préalable.

Ou explorez un genre littéraire (poésie en prose par exemple) en empruntant la première phrase à l'un de vos livres préférés.

(la liste est infinie)


Il est bien de ne pas prendre plus de vingt ou trente minutes maximum pour ce genre d'exercices afin de travailler son efficacité et sa spontanéité. Le but n'est pas de se casser le tête mais d'explorer son style de façon ludique.


Vous pouvez aussi volontairement vous imposer de petits défis quand vous avez envie d'écrire : ici ne faire que des phrases longues, ici que des phrases courtes, là pousser le vocabulaire, ici le simplifier au maximum, enchaîner les dialogues, les éviter etc...

Au fur et à mesure, votre écriture gagnera en versatilité et vous commencerez à vous dégager un style à vous. Vous vous rendrez en effet compte de ce qui vous rend le plus à l'aise : les phrases courtes ou les phrases longues ? Un subtil mélange des deux ? A vous d'explorer !


Bien que ce ne soit pas mon genre littéraire de prédilection, écrire de la poésie réanime systématiquement ma créativité !


2 - Lire


On continue dans la série des conseils triviaux ? Je ne le répèterai jamais assez et nombre d'éditeurs non plus : pour écrire, il faut lire. Beaucoup. Et pourquoi ?

Déjà parce que c'est en lisant qu'on a le plus de chance de savoir quel style d'écriture nous plaît vraiment. Notre imagination seule ne suffit en effet pas toujours à le composer par nous-même. Inspirez vous de vos auteurs préférés pour travailler votre écriture. A quoi ressemblent les descriptions ? Les dialogues ? Le rythme inhérent à l'histoire mais aussi celui qui ponctue chaque phrase ? Plus vous lirez, plus vous serez à même de repérer ces subtilités qui vous poussent à préférer un auteur à un autre. Et ainsi à tester certains de ces principes vous-même.


Certains seulement ? Et oui. Car l'autre avantage de lire beaucoup, et peu à peu de sortir des sentiers battus et de se confronter à des auteurs ou genres littéraires dont nous n'avons pas l'habitude, c'est de se rendre compte qu'il n'y a en fait aucune limite à la créativité. Multiplier les sources de lecture stimule notre imagination et nous osons peu à peu tester de nouvelles trames créatrices, que ce soit dans le style d'écriture ou la construction d'un scénario en lui-même.


"Si cet auteur est allé aussi loin, s'il a imaginé tant de choses, s'il a repoussé telle limite... c'est que c'est faisable ! Alors pourquoi pas moi, en y ajoutant mon grain de sel ?"


Finalement, lire d'autres auteurs développe peu à peu notre propre individualité créatrice (si si, je vous assure !). Alors la prochaine fois, n'hésitez pas à choisir un livre ou un genre littéraire qui change de ce qui vous est familier, vous pourriez être agréablement surpris du résultat !


3 - La constance : se corriger


Une fois que l'on a trouvé son style, et que l'on se lance dans le début d'un projet long, quelle est la meilleure façon de rester motivé en face de son texte jour après jour ?


Me corriger en permanence est de loin ce qui fonctionne le mieux pour moi. Je m'explique : dès que j'écris quelques phrases, un paragraphe ou une page, je me relis dans la journée ou le lendemain. Et je continue de le faire les jours qui suivent. Dès qu'un passage me chiffonne, je le réécris. Si je dois réécrire mon paragraphe dix fois sur une semaine (ou une journée) avant que je commence à en être satisfaite, je le fais. Je continue d'avancer sur mon projet entre temps, tout en me relisant et en corrigeant les passages déjà écrits. Cette façon de faire, même si elle paraît chronophage, me permet en fait d'être constamment satisfaite de ce que j'écris. Avoir une attitude proactive face aux erreurs ou maladresses que je constate lors de mes relectures m'empêche de tout abandonner en me disant que "de toute façon c'est nul".


J'ai entendu cette phrase trop de fois venant de connaissances qui avaient commencé un projet d'écriture un jour et finissaient par abandonner après avoir relu leurs premières pages des semaines plus tard. Surmonter cette difficulté dès le départ en agissant tout de suite sur nos coquilles permet de rester satisfait et au bout du compte, cela fait gagner du temps ! Car nous avons bien plus de chance d'aller au bout de notre projet.



4 - Gagner en efficacité


Ce paragraphe est plus personnel mais il pourrait vous être utile. Rendre mon style efficace me permet de m'exprimer avec plus d'exactitude et de légèreté ; et m'aide ainsi à apprécier mon écriture et à rester motivée face à mon texte. Chacun a un style différent et cela ne sert à rien de vouloir rentrer dans un moule ou un autre si ça ne vous convient pas. Mais si votre style vous paraît parfois trop "lourd", ces quelques astuces simples pourraient vous aider :


  • Repérez les répétitions : utilisez-vous par exemple le même verbe ou le même adjectif dans un seul paragraphe ? Si c'est le cas, est-ce que cela apporte quelque chose à votre texte ? Ou l'alourdit ? Les répétitions peuvent être utiles afin de communiquer une idée précise, mais le risque de charger inutilement un passage est aussi présent.


  • Plus difficile (car on les utilise tout le temps), mais donnez vous le défi de réduire si vous le pouvez l'utilisation des auxiliaires être et avoir et de chercher des synonymes qui expriment votre idée avec plus de précision.


  • Les redondances des "qu'/qui/que etc..." dans une seule phrase ou proches l'une de l'autre peuvent aussi alourdir un passage. Tout comme un trop grand nombre d'adverbes. Pour vérifier la musicalité de votre texte, vous pouvez le lire à voix haute. Les répétitions vous sauteront aux oreilles et certains adverbes sonneront naturellement mieux que d'autres. Ce principe se transpose aussi au participe présent, dont la terminaison toujours identique peut donner un sentiment de trop-plein si répété trop de fois.

  • Il en va de même pour les adjectifs. Par exemple, si vous choisissez d'en placer une farandole dans une seule phrase, il peut être judicieux de les sélectionner avec soin pour qu'ils reflètent quelque chose (une description, une idée) de très exact.


  • Si une phrase vous paraît trop longue mais que vous ne savez pas comment la réduire, essayez de changer le sujet de la phrase, ou commencez par le verbe. La restructurer complètement est souvent la solution. Repérez les formes passives et tentez une forme active. N'ayez pas peur d'oser ! Recoupez, chamboulez la ponctuation, apportez de la fluidité ou au contraire de la structure. C'est en testant qu'on apprend.


En bref, il me semble que rendre son style plus efficace revient à chercher la précision et éviter les approximations et redondances. En allant droit au but et en simplifiant ses phrases, on a plus de chance d'aller au bout de son idée plutôt que de se perdre en conjectures. Sur l'échelle d'un long projet, cela revient à maximiser ses chances d'aller au bout selon moi.

Cependant, j'ai conscience que chacun a son style propre et que certaines astuces qui fonctionnent à merveille pour moi pourraient ne pas vous correspondre. Encore une fois, à vous d'explorer !


5 - Le world building ou créer son univers


Souvent, plus le récit que nous construisons est approfondi, plus le travail effectué en amont aura besoin d'être fourni.

En ce qui concerne mon deuxième manuscrit, explorant le genre de la science-fiction, je me suis rapidement sentie dépassée par l'ampleur de l'intrigue. Si ce sentiment nous assaille, c'est que le travail de recherche et de construction effectué en parallèle manque sans doute de substance.


Faire des recherches concernant différents éléments de l'histoire permet automatiquement d'y apporter de la structure. Cela fait fleurir les idées tout en donnant un cadre clair dans lequel s'exprimer. Ce cadre pourra plus tard être dépassé, mais ce sont justement les bases solides qu'il apporte qui nous permettront de le faire.


Le travail du "world building" passe ainsi par des phases de recherches et des phases de construction de narration, de construction des personnages etc... Je vous conseille grandement d'effectuer cette tâche sérieusement pour tout récit qui gagne en complexité. Ce squelette central, en plus de donner de la crédibilité à votre histoire, permet aussi d'avancer même quand l'inspiration nous échappe.



"Le meilleur moyen d'étudier une période historique qui n'existe pas, c'est de la raconter et de découvrir ce qui est survenu."

- Introduction des Contes de Terremer, Ursula K. Le Guin



Personnellement, renouveler mes méthodes de "world building" m'a énormément aidé à débloquer des axes narratifs dans lesquels je me sentais coincée. Pour cela, je préfère aujourd'hui utiliser des carnets (par exemple un pour l'identité visuelle globale de l'histoire, un pour les personnages, un pour la construction de la société dans laquelle vivent les personnages etc...) sur lesquels je note mes idées, je fais des schémas, des croquis, j'imprime des visuels etc... Faire parler mon côté créatif manuellement m'aide beaucoup. Mais si faire tout ceci à la main ne vous enchante pas, il y a aussi une quantité d'outils numériques qui vous permettent d'arriver à peu près au même résultat : Notion par exemple est une application de gestion de projets qui peut servir à organiser ses idées. Dans la lignée des outils plus spécifiques à la construction d'une histoire, j'ai aussi déjà entendu parler de Campfire. Il en existe beaucoup d'autres sur internet, n'hésitez pas à fouiller !


Il est très utile d'avoir une trame riche en informations sur laquelle on peut se reposer et chercher l'inspiration !


"Tu ne peux pas te limiter à l'intrigue de ton roman, tu dois inventer toute sa biographie et, à la fin, ce que tu retranscriras réellement, ce ne sera que le sommet d'un iceberg."

- La Forêt sombre, Liu Cixin




Alors, quels sont les ingrédients nécessaires à l'écriture d'un roman ? Comme tout : de la pratique, du travail et un esprit ouvert. L'un des secrets, au-delà de tous les conseils que j'ai pu vous donner plus haut, est de privilégier ce que vous aimez faire en premier. La pratique découlera d'elle-même et, naturellement, vous aurez le goût de relever des défis de plus en plus complexes avec votre écriture.

Je ne peux pas terminer cet article sans vous parler de l'un des livres qui expriment le plus joliment cet amour pour l'écriture et la créativité : Lettres à un jeune poète (écrites par Rainer Maria Rilke). On est sans doute pas obligé d'être en accord avec tout ce qui y est écrit pour apprécier la beauté et la justesse de certains passages.


Là, quelque chose qui vous est propre cherche à trouver ses mots et sa musique.







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