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Clémence

[Interrail 2023] Slovaquie : Ďumbier, l'ascension

Dernière mise à jour : 24 sept.


Ce deuxième article est consacré à une ascension mémorable que j'ai effectuée en Slovaquie durant mon Interrail (dont les prémices se trouvent ici) !

Si vous avez manqué la première partie de mon séjour slovaque, rendez-vous : ici, où l'on parle notamment de Bratislava et ses environs ;)

Direction maintenant les Basses Tatras, le deuxième massif montagneux le plus important du pays. Neiges éternelles, refuge cozy et météo des plus difficiles... ne loupez rien de cette deuxième aventure slovaque !


Le chemin compte autant que le but


L'objectif était de monter (presque) au sommet de la montagne Ďumbier, le point culminant de la chaîne des Basses Tatras, situé à 2046 mètres d'altitude. Mais nous nous sommes en fait promis d'atteindre le refuge Chata M.R. Stefanika, à plus de 1700 mètres de haut, pour y passer la nuit.


La première difficulté résidait dans le fait d'atteindre le point de départ de la randonnée. Arthur avait déjà reçu la confirmation d'un hôte couchsurfing qu'il pouvait loger chez lui, dans un petit village slovaque nommé Slovenska Lupca, la veille du départ. Il demande alors à son hôte si celui-ci pourrait héberger deux personnes de plus, et il accepte !

Nous voilà donc partis et traversons la moitié du pays, Arthur en stop et nous en train : direction Slovenska Lupca ! La pluie, déjà présente les jours précédents, se met à tomber drue et durera. Nous le savons mais l'envie de gravir cette montagne et de passer une nuit en refuge suffit à ne pas nous décourager. Après une pizza bien chaude dans l'un des seuls restaurants du village, nous nous dirigeons vers la maison de notre hôte et sommes accueillis dans un foyer sommaire et rustique, rempli à craquer d'équipements de montagne. Notre hôte est un passionné des grands espaces et, lui qui a déjà vécu en ville et à l'étranger, ne se verrait aujourd'hui plus bouger d'ici !


Une courte nuit plus tard, nous passons au supermarché le plus proche pour nous ravitailler et tentons ensuite de rallier la gare routière qui se trouve dans la ville de Brezno, d'où un bus part pour la station de ski Trangoska, point de départ de la randonnée. Une trentaine de minutes de voiture nous séparent de Brezno et Arthur nous convainc d'essayer d'y aller tous les trois en stop. Nous voilà donc sur le bord de la route, sous une pluie battante, à faire signe aux conducteurs qui passent. D'abord refusés par plusieurs voitures et quelques camions, un conducteur s'arrête finalement pour nous prendre. Sa voiture flambant neuve accueille trois voyageurs détrempés mais cela lui importe peu. Il nous demande ce que nous faisons là et appelle même sa petite amie pour qu'elle nous donne des renseignements sur la ligne de bus que nous allons prendre. Il nous parle de ses propres voyages, de la vie qu'il a menée en Thaïlande... le trajet passe vite. La route sinue le long des montagnes embrumées par les bas nuages de pluie, puis nous arrivons enfin à Brezno. Un deuxième défi s'impose : trouver des casiers afin de déposer une partie de nos affaires avant la montée. Ayant chacun des sacs à dos qui contiennent notre vie pour deux à trois mois (quelques conseils sac à dos : ici), il est préférable d'en alléger le poids. Nous croisons alors notre hôte de façon complètement impromptue à la gare routière qui nous souhaite une bonne montée ! Après cette jolie surprise, on s'engouffre dans le bâtiment principal de la station. Et miracle : des casiers ! On se précipite pour vider nos sacs et ne garder que l'essentiel : la randonnée s'annonce parfaite.


On embarque dans le bus : direction Trangoska ! La pluie ne cesse pas de tomber. Nous arrivons enfin à la station de ski et nous réfugions sous un petit square en bois pour déjeuner. Tout est trempé. Mais cela n'entache en rien notre moral : avoir atteint le point de départ, ce qui nécessitait déjà une certaine détermination et quelques grammes de chance, nous fait pousser des ailes ! A nous l'ascension !


L'ascension


Le chemin que nous empruntons est (évidemment) détrempé. Entourés par la forêt, nous longeons d'abord une étroite rivière devenue torrentielle. Puis c'est le sentier lui-même qui prend des airs de lit de ruisseau : la terre laisse place à un sol pierreux, glissant, sur lequel il faut se montrer prudent pour ne pas se tordre une cheville. Le chemin est même inondé par endroit, donnant lieu à quelques acrobaties de notre part. Au bout de très peu de temps, nous voilà nous aussi trempés !


La première surprise, c'est de commencer à apercevoir un peu de neige aux abords du sentier. Nous n'y croyions pas vraiment avant la montée mais il semble que celle-ci nous accompagnera bel et bien jusqu'en haut. En ce qui me concerne, je suis équipée chaudement et ne me fais pas de souci mais je commence à craindre pour l'imperméabilité de mes chaussures de trail, qui en seront en effet complètement dépourvue après cette aventure. Après avoir dépassés une certaine altitude, en plein mois de mai, la pluie se mue en neige et, la forêt se raréfiant, nous sommes environnés d'un véritable paysage de montagne hivernal ! Le côté magique de l'aventure prend le dessus, d'autant que la vue sur les cimes alentours s'embellit.


Le sentier détrempé se mue peu à peu en pente neigeuse, dévoilant un paysage de plus en plus grandiose.(Les photos ont toutes été prises avec nos téléphones, mon appareil photo étant resté au chaud dans le casier.)


A près d'une petite heure de l'arrivée, nous croisons un panneau indiquant l'entrée d'une grotte de chauve-souris. Intrigués, on tente de trouver l'entrée en s'éloignant du sentier principal. Une pente raide, enneigée, nous fait face et nous la gravissons bravement ; mais malheureusement on ne trouvera aucune trace de l'entrée de la caverne et sommes forcés de faire demi-tour.

Le détour m'a beaucoup fatiguée, et il me faut puiser dans mes dernières réserves de courage pour gravir la dernière difficulté enneigée de l'ascension. Le refuge n'est d'ailleurs pas en vue, supposément caché derrière un col, nous faisant presque douter de le trouver un jour.

Arthur, devant, nous lance soudain d'un peu plus haut :

"Le refuge est là !"

Enfin !

Atteignant le col, la vue, bien qu'embrumée, est impressionnante. On sillonne le sentier pendant quelques mètres, entre deux flancs de montagne, pour rejoindre le fameux refuge qui nous a tant fait rêver.


A gauche : la montée qui devait nous permettre d'atteindre les grottes de chauve-souris. On aperçoit un vieux chalet à gauche que l'on a trouvé inhabité quand on s'est approché. A droite : le sentier sillonnant les crêtes environnantes qui permet d'atteindre le refuge.


Le refuge


Arthur s'engouffre le premier à l'intérieur et nous rencontrons le gérant du lieu, surpris, qui espère avoir suffisamment de réserves pour nous en cuisine ! Il est vrai que nous n'avons pas prévenu de notre arrivée (oups), ne sachant pas que c'est pourtant recommandé.

Nous laissons nos affaire dans une pièce prévue à cet effet pour qu'elles sèchent puis une visite du lieu s'impose : tout en bois, rustique, seules les chambres et la pièce commune sont chauffées, à l'aide d'un poêle bien sûr !


Passer une nuit dans un refuge de montagne est une expérience mémorable. Ce soir-là, nous étions les seuls à y dormir et à profiter de l'hospitalité du lieu. La tradition consiste à monter les denrées alimentaires nécessaires aux repas à pieds ! Le gérant actuel possède un total cumulé de plus de 13000kg aujourd'hui... rien que ça !


La bonne douche chaude (dans une salle de bain glaciale) est un must après cette aventure ! On se retrouve tous les trois en bas pour jouer aux cartes et attendre notre dîner préparé maison par le gérant du refuge. Puis la vue se dégage un peu, nous laissant apercevoir les cimes alentours. Je me souviens être restée longtemps derrière la fenêtre à observer les montagnes et savourer ce moment. Ma première vraie randonnée en montagne, ma première nuit dans un refuge. Ce sont des rêves que j'avais souhaité réaliser depuis très longtemps.


A gauche : la vue du premier étage permet d'apercevoir les montagnes alentours ; bien que les nuages soient restés bas pendant notre séjour. A droite : il est temps d'entamer le chemin du retour !


Après une nuit passée au chaud et un bon petit-déjeuner, nous voilà prêts à repartir. Nous croisons quelques randonneurs lors de notre descente qui profitent de la météo un peu plus clémente du jour. Arthur avait cependant une dernière idée en tête. Et c'est donc à l'aide de sacs poubelles que nous entamons notre descente ! Ne pas se prendre les sapins en glissant à toute vitesse a été un challenge mais on s'en est tous sorti indemnes (tout en battant tous les records de descente de Ďumbier, à coup sûr) !



Après cette jolie expédition, il était temps de se séparer. Arthur a repris son voyage (en stop!) à travers l'Europe tout en se dirigeant peu à peu vers les Balkans. De notre côté, nous commencions notre (long) périple vers la Hongrie, en quête de nouvelles aventures et d'un peu de soleil.

Je retiens de notre passage en Slovaquie qu'une simple rencontre peut nous amener à vivre des moments extraordinaires. Rester dans le moment présent et se laisser porter par les évènements est parfois la meilleure façon de profiter de son voyage.

Et si je vous disais que nous avons même eu l'occasion de retrouver Arthur en Slovénie ? Mais ce sera pour un autre article ;)



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